Le temps de l'enfance
Je regardais des enfants dans le bus. Les enfants ça n'arrête pas de bouger, ça se retourne, ça parle fort, ça crie. Qu'est ce qui fait que, plus nous grandissons et plus nous nous calmons, plus nous grandissons et plus nous nous taisons. On apprend à ne plus exprimer tout ce qu'on ressent, à dire tout ce qu'on pense. On nous apprend à correspondre à une image, à être poli, à ne pas faire honte aux parents en public.
On apprend à se taire, on apprend à se poser, on apprend à ne plus pleurer, on apprend juste à avancer.
Qu'est ce qui nous a changé à ce point ?
Est-ce la sagesse ? Est-ce la fatigue qui nous assomme, réduisant à néant nos désirs et nos rêves ? Quand la vie te colle aux pieds comme un vieux chewing gum, quand ton sac semble rempli de pierre, en effet, tu n'as plus le courage de crier, de sauter, d'exprimer.
Nous sommes des adultes, nous sommes de gentils petits zombies. Prend ton café, tes clés, ton bus, ton boulot et puis une clope, re boulot, re bus, et tes rêves obscurs qui brassent encore et encore ton passé. Et le lendemain tout recommence. Inexorablement. Sans que rien ne vienne troubler la routine si l'on s'arrange bien. C'est pour ça qu'on aime tant la météo quand on grandit. Je ne comprenais pas que mes parents puissent faire du temps du lendemain des conversations quotidiennes. Bah oui mais le temps en fait, c'est le seul hasard qu'il reste encore.
Tout le reste est minuté, pointé, planifié.
Quand tu es petit, tu ne sais jamais l'heure qu'il est, l'heure que les choses durent, l'heure qui avance et le temps qui s'écoule. Tu es juste là, tu trouves injuste des petites choses, tu te sens malheureux comme les pierres et tu ris après, ayant déjà oublié ton chagrin.
Quand tu grandis, tu n'effaces plus les choses. Tu mets juste un coup de maquillage dessus, parce que quoi, il faut bien continuer non ? Alors tu te met du rouge sur les joues, tu t'enfermes le corps dans des corsets, tu te plies à des règles stupides et tu élabores avec les autres des stratégies fumeuses en quête de pouvoir. Et quand tu te regardes dans les yeux, non, tu n'es plus l'enfant que tu étais.
Le temps, son seul rôle à lui, c'est de passer. Alors il passe. Avec ou sans ton accord. Et même quand tu voudrais l'arrêter, pour mieux rire ou pour mieux souffrir, il s'en moque, il continue sa route et toi tu ne peux que le suivre.
Nous n'avons pas le droit à une pause, une pause de la vie, rien qu'un instant. Se coucher par terre, regarder le ciel, sentir le vent sur nos visages. Nous courrons, du matin au soir, par peur de rater quelque chose, par peur de crever seul, par peur de ne plus renvoyer aux autres cette image qu'on a mis tant de temps à dorer.
Chaque jour de plus est un jour de moins et j'entends à chaque seconde l'immonde tic-tac du grand horloger.
On apprend à se taire, on apprend à se poser, on apprend à ne plus pleurer, on apprend juste à avancer.
Qu'est ce qui nous a changé à ce point ?
Est-ce la sagesse ? Est-ce la fatigue qui nous assomme, réduisant à néant nos désirs et nos rêves ? Quand la vie te colle aux pieds comme un vieux chewing gum, quand ton sac semble rempli de pierre, en effet, tu n'as plus le courage de crier, de sauter, d'exprimer.
Nous sommes des adultes, nous sommes de gentils petits zombies. Prend ton café, tes clés, ton bus, ton boulot et puis une clope, re boulot, re bus, et tes rêves obscurs qui brassent encore et encore ton passé. Et le lendemain tout recommence. Inexorablement. Sans que rien ne vienne troubler la routine si l'on s'arrange bien. C'est pour ça qu'on aime tant la météo quand on grandit. Je ne comprenais pas que mes parents puissent faire du temps du lendemain des conversations quotidiennes. Bah oui mais le temps en fait, c'est le seul hasard qu'il reste encore.
Tout le reste est minuté, pointé, planifié.
Quand tu es petit, tu ne sais jamais l'heure qu'il est, l'heure que les choses durent, l'heure qui avance et le temps qui s'écoule. Tu es juste là, tu trouves injuste des petites choses, tu te sens malheureux comme les pierres et tu ris après, ayant déjà oublié ton chagrin.
Quand tu grandis, tu n'effaces plus les choses. Tu mets juste un coup de maquillage dessus, parce que quoi, il faut bien continuer non ? Alors tu te met du rouge sur les joues, tu t'enfermes le corps dans des corsets, tu te plies à des règles stupides et tu élabores avec les autres des stratégies fumeuses en quête de pouvoir. Et quand tu te regardes dans les yeux, non, tu n'es plus l'enfant que tu étais.
Le temps, son seul rôle à lui, c'est de passer. Alors il passe. Avec ou sans ton accord. Et même quand tu voudrais l'arrêter, pour mieux rire ou pour mieux souffrir, il s'en moque, il continue sa route et toi tu ne peux que le suivre.
Nous n'avons pas le droit à une pause, une pause de la vie, rien qu'un instant. Se coucher par terre, regarder le ciel, sentir le vent sur nos visages. Nous courrons, du matin au soir, par peur de rater quelque chose, par peur de crever seul, par peur de ne plus renvoyer aux autres cette image qu'on a mis tant de temps à dorer.
Chaque jour de plus est un jour de moins et j'entends à chaque seconde l'immonde tic-tac du grand horloger.