Violence
J'en ai déjà parlé là. Je ne sais pas pourquoi mais ce soir j'ai repensé à elle. Je me suis dit que je devrais faire des recherches sur elle, savoir si un article de journal était encore sur le net. En apprendre un peu plus sur cette histoire.
Je ne sais pas pourquoi j'ai mis presque 3 ans à chercher. Il y a des périodes où je pense sans cesse à elle, où je crois la voir dans la rue, et d'autres non. Ce soir je voulais savoir. Ce qui lui était vraiment arrivé, ce que la justice avait décidé. J'ai trouvé ces articles. Je ne sais pas si j'aurais du...
J'ai été saisie d'une envie de vomir, cette violence m'atteint si fort... Je pleure encore sur sa mort ce soir, parce qu'elle était trop jeune et que tout ça est trop douloureux.
Elle s'appellait Anna Huot de Saint-Albin et j'aimerais qu'on ne l'oublie pas, ni elle, ni ce qu'elle a enduré.
" Aujourd'hui, pendant trois jours, la cour d'assises se penche sur un de ces meurtres qui a pour cadre le huis clos familial, un des six de 2004 qui est aussi l'un des plus atroces commis à Toulouse ces dernières années. Un homme alors âgé de 28 ans, incarcéré depuis, Mohamed Bouaichia, est accusé d'avoir battu à mort et torturé le 8 février 2004 sa femme, Anna Huot de Saint-Albin, une étudiante de 18 ans. Une affaire qui a secoué même les policiers de la Crim, pourtant aguerris.
Dans le studio d'une résidence étudiante du quartier Purpan, à Toulouse, la jeune femme a été sauvagement assassinée. Pendant de longues heures, elle a reçu des coups. Pas une parcelle de son corps qui ne portait des traces. Du sang était visible sur les murs. L'étudiante a même fait l'objet de sévices sexuels. Des scènes insoutenables que son bourreau a filmées. « Elle était folle amoureuse de lui, elle était conditionnée, elle était comme un esclave », rapportent Mes Catherine Pons-Fournier et Céline Peccavy, deux jeunes avocates parties civiles pour le père de la victime. Une soumission forcée typique des cas de violences conjugales. « Il refusait qu'Anna fasse la bise aux garçons », rapporte un ami du couple. À la fac du Mirail, la jeune femme n'a été vue que deux fois. Le 8 février 2004, Mohamed Bouaichia, qui s'était absenté quelques jours, était persuadé que sa compagne l'avait trompé. Un soupçon que rien n'est venu étayer. Lui qui avait fait de sa compagne sa chose n'avait pas hésité à profiter d'elle. Cet Algérien, que défend Me Raynaud de Lage, s'était marié trois mois plus tôt en vue des papiers. Anna, orpheline de mère, touchait une pension qui faisait vivre le couple. Son conjoint, elle l'avait rencontré à Hyères (Var) quand elle vivait chez son père. Il dealait du shit. Une amie de d'enfance, un voisin ont tour à tour vu la victime pendant ce week-end. Mais personne n'avait donné l'alerte."
Article trouvé sur La Depêche.fr, 21 juin 2006
"La barbarie a un visage : celui de Mohamed Bouaichia. Les jurés de la cour d'assises du Tarn, à Albi, ont condamné, en appel, vendredi soir cet homme de 31 ans à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté, soit la peine maximale, pour le meurtre de son épouse, une jeune femme de 18 ans, Anna Huot de Saint-Albin. Un verdict identique à celui prononcé en première instance à Toulouse, fin juin 2006. Selon l'accusé, défendu par Me Pascal Nakache, c'est une histoire de jalousie qui l'a conduit à rouer de coups sa jeune épouse le 8 février 2004, dans leur petit appartement du quartier Purpan à Toulouse. La victime a succombé à deux vagues d'un déchaînement de violence assorti d'actes de tortures et de barbarie. Un nombre indéfinissable d'ecchymoses recouvrait le corps de la victime lorsque le légiste l'a examiné. Des coups portés avec un manche à balai et accompagnés de sévices sexuels ont fini par achever la jeune étudiante. Des actes reconnus par l'accusé qui a expliqué avoir « pété les plombs » lorsqu'il s'est mis à douter de la fidélité de celle qu'il avait épousée pour bénéficier de papiers en règle. Le président Ricardi n'a pas caché sa consternation face à « l'ampleur exceptionnelle des violences. » Les réquisitions de l'avocat général, Jean-Louis Bec, qui a demandé la peine maximale ne laissaient peu de doutes quant à l'issue du verdict."
Article trouvé sur La Depêche.fr, 14 octobre 2007
Cette fille était mon amie. J'ai connu Anna Malicia à 10 ans, sa mère était très proche de ma tante. Elle était pour moi comme quelqu'un de ma famille. Je dois avoir des cartons de lettres de sa main. Je ne sais pas si l'amitié pré-ado compte vraiment, je sais juste que je m'en suis voulue à sa mort, je m'en suis voulue de ne pas avoir cherché à garder plus de contact. Quand sa mere est morte, elle a quitté Grenoble pour vivre avec sa soeur puis avec son père sans jamais donner de nouvelles.
J'ai appris sa mort quelques années après, j'ai appris aussi qu'elle s'était mariée.
L'an dernier j'ai eu besoin de la retrouver. J'ai parcouru les cimetières de Grenoble, guidée par son grand-pere que j'avais contacté par téléphone. Je me souviendrais toujours de cette tombe, en dehors du caveau familial où il n'y avait plus de place. Je crois qu'il y a un ange qui pleure sur sa tombe.
Elle avait l'air si seule, même dans la mort. Je n'ai toujours pas compris comment elle avait pu en arriver là et pourquoi la mort l'avait appelée si tôt. Les gardiens du cimetière se souvenaient d'elle, sa mort avait choqué beaucoup de gens je crois. Face à sa tombe, j'étais glacée... Que penser, que dire face au nom de son amie d'enfance gravé dans du marbre ?
Je me souviens que ma mère a dit d'une voix douce "Eh bien tu es là ma petite Anna...", comme si on l'avait enfin retrouvée. C'était peut-être ça, elle s'était "perdue", nous l'avions perdue, non seulement parce qu'elle reposait ici, mais peut-être même avant... Se perdre dans une relation de violence, de manipulation et de domination.
J'espère que ce mec pourrira en prison durant toute sa peine mais lui vit et respire, alors que nous n'avons plus qu'une tombe au bout d'une allée et la justice n'apaise que légèrement notre douleur... L'injustice de sa mort me révolte, comme celles de toutes les femmes victimes de violence conjugale.
Il est temps que ça cesse.
Edit : Cet article manque sans doute de pudeur. Je suis désolée d'exposer cette histoire ici. L'écriture est mon exutoire.